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Mot de la Présidente : Quand la vigne était vigne vierge…

vines gf4972b95d 1920Au moment où, dans notre région, l’arrachage de vignes devient une nécessité pour conjurer la mévente des vins et permettre d’instaurer une diversité de cultures adaptées au changements climatique, voilà que des chercheurs ont pu remonter aux origines de la vigne et aux modalités de sa domestication à partir du déchiffrage de l’ADN de variétés en provenance de collections présentes à Bordeaux et Montpellier. Étonnante remontée dans le temps et dans l’évolution d’une végétation qui nous semble immuable et seulement soumise au rythme des saisons avec, pour apogée, la période des vendanges suivie du déclin automnal annoncé par le flamboiement des teintes rouges et or des feuilles prêtes à se détacher des ceps noueux et sombres. Au commencement, la vigne n’était qu’une liane accrochée aux arbres, productrice de baies noires et amères. Présentes dans le Caucase et le Moyen-Orient depuis plus de 400000 ans, ces lianes sont seulement domestiquées, il y a 11500 ans, à la fin du dernier épisode glaciaire qui s’est éternisé plus de 100000 ans, de -115000 ans à -11000 ans. Ces vignes toutes jeunes ont servi à produire du vin et à consommer des raisins de table appréciés à l’égal des fruits des dattiers et des figuiers. Venues du Moyen-Orient et non du Caucase, comme on l’a longtemps cru, elles ont gagné l’Europe jusqu’à la Péninsule Ibérique où elles parviennent il y a 7500 ans. En somme, leur progression a accompagné la sédentarisation des agriculteurs dans leur avancée vers les zones délivrées des glaces et soumises à un réchauffement du climat. Très vite, par attrait, les vins ont été l’objet d’échanges et de profits à la hauteur de leur réputation ou de leurs effets…Beaucoup plus tard, lorsque sont survenues des crises aussi graves que celle du phylloxéra à la fin du XIXe siècle, quantité de vignobles malades et abandonnés ont été remplacés par des bois où certains arbres servent de tuteurs à des vignes sauvages redevenues des lianes comme au début de leur histoire.

Anne Marie Cocula
Présidente de l’IGNA