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Éditorial de la Présidente : Quand le cinéma s’en mêle…

C’est un fait avéré : le cinéma colle aux réalités du moment et en transmet la mémoire aux générations à venir. La cuisine n’a pas échappé à cette curiosité. Bien plus, elle s’affiche aujourd’hui sur grand écran avec un net avantage à la gastronomie française. Mais que de chemin parcouru ! Pour se remémorer les temps de privations de la seconde guerre mondiale et les circuits du « marché noir », l’on peut suivre les péripéties de « La Traversée de Paris », odyssée clandestine de transporteurs de jambon, ou l’on peut apprécier la chronique cynique d’une collaboration affichée et voyante mise en scène, dans « Au bon beurre ». La prospérité revenue, sous les Trente glorieuses, alors que se déploient les excès d’une société de consommation sans foi, ni loi, les outrances des acteurs de « La grande bouffe » en dressent pour nous les abus mortifères, sans concessions, sans pardon, ni rémission. En guise de détente, « Le festin de Babette » nous offre une évasion salutaire qui ne ressemble en rien à une issue de secours puisque ce film prélude à une autre époque. Et voici venu le temps présent : celui qui place les fourneaux au premier plan et distribue les rôles principaux à celles et ceux qui surveillent la cuisson de leurs préparations. Tel est le message de « La Passion de Dodin Bouffant », film sélectionné pour représenter la France à la distribution des Oscars 2024. Les fidèles de l’IGNA doivent en être satisfaits puisque, pour la première fois, défile sous leurs yeux, durant une demi-heure, la confection d’un plat à partir d’une recette, des denrées qui la composent, des épices qui la relèvent, des gestes qui l’accompagnent et des outils qui la façonnent. Certes, il y manque le fumé, les odeurs et le goût. Mais nous sommes en mesure de les reconstituer !

Anne-Marie COCULA

Présidente de l'IGNA