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Éditorial de la Présidente : Bonne nouvelle pour les chênes-lièges

Des goûts indésirables aux mauvais goûts, il existe un passage accidenté qui peut mener au désastre. Telle est la condition des sommeliers confrontés à la détection du goût de bouchon capable, à lui seul, de disqualifier et condamner les meilleures et les plus chères des bouteilles de grands crus. Leur tourment est décuplé par les circonstances d’une telle appréciation qui s’effectue en présence d’une clientèle, pressée de se délecter du bon vin qu’elle a choisi. Ce moment crucial suscite une gestuelle classique qui s’accompagne de la dégustation d’une seule personne dont le diagnostic est attendu par les autres convives. S’il s’avère négatif, un soulagement, faiblement perceptible, précède la reprise des conversations et annonce le début du repas. S’il est positif, la scène précédente se renouvèle et peut même se reproduire encore. Mais la répétition reste une exception qui peut entraîner l’obligation de changer de vin. Jusqu’à présent, aucune solution n’avait été trouvée pour éviter cet inconvénient majeur, quitte à remplacer le liège par des plastiques de substitution…Aujourd’hui, l’espoir a changé de camp et redonné vigueur aux plantations de chênes-lièges qui trouvent dans le département des Landes un territoire d’élection. Leurs écorces sont utilisées pour la fabrication du liège naturel réservé aux grands vins ; les autres doivent se contenter de liège aggloméré, plus ou moins constitué d’écorce véritable. Soit autant de modèles, de plus en plus contrôlés, sur lesquels on dépiste à l’avance les facteurs constitutifs du risque d’un « goût de bouchon » dont on sait désormais éliminer les arômes indélicats. Cette absence de goût scelle donc une incontestable réussite du goût…

Anne Marie Cocula

Présidente de l’IGNA